Le moteur du camion furieux de Nice n’était pas coupé, qu’on nous l’annonçait : on l’avait démasqué, c’était Daech ! Ah bon ?
Vous souvenez-vous de mon avant-dernier article ? « C’est pas moi, c’est Toto ! »
Allez ! Je vais essayer de me résumer moi-même (se résumer soi-même, plus difficile qu’on ne le croit d’ailleurs). J’essayais de démontrer que ce n’est pas en dehors de nous qu’il faut rechercher la source de nos malheurs, mais en nous ! Nous d’abord. La méchanceté de nos ennemis (absolument certaine), la nullité de nos dirigeants (évidente), ce ne sont que des alibis ! Si moi, si toi, si nous tous étions sûrs de ce que nous sommes, si nous étions fermes et déterminés, nos ennemis auraient trop peur de nous pour nous attaquer, et nos dirigeants ne seraient ni ce, ni ceux qu’ils sont !
Et je concluais : « c’est pas la faute à Toto. C’est la mienne ! »
Pourquoi Toto ? Pour le coup, je vous renvoie à mon billet : je radote assez comme cela naturellement, je ne vais pas en plus me répéter !
Et bien voilà, il n’y a pas eu à attendre longtemps, et c’est déjà reparti.
Un cinglé dépressif et solitaire se procure un poids lourd qu’il n’a même pas volé, mais loué comme un banal péquenot, et reste garé pendant plus de neuf heures à proximité d’un lieu festif qui va réunir plusieurs milliers de braves gens, et qui devrait donc faire l’objet de toutes les sécurisations possibles : voilà que n’attire l’attention de personne ; il franchit un barrage de sécurité, toujours sans violence, en demandant gentiment et sagement une permission qu’on lui donne sans discuter. Il slalome ensuite tranquillement sur plus de deux kilomètres d’humains, sans qu’il se trouve un seul de tous ces « spécialistes » engraissés de nos impôts contribuables pour lui mettre enfin quelque chose dans la tête. Enfin si, une femme, finalement, se résoudra à faire ce pour quoi je ne sais combien de ses collègues étaient payés. Ce dont il faut paraît-il, se réjouir deux fois, une fois parce que le cinglé ne fera plus de mal à personne, et une seconde, parce que tué par une femme, il n’ira pas au paradis, et ne sera pas récompensé de je ne sais plus combien de vierges.
Dans un pays normal, avec un environnement normal, disons un pays comme était le nôtre il n’y a pas si longtemps que cela, tout le monde se remettrait en question. Les responsables de la sécurité du site, le préfet, le ministre de l’intérieur auraient démissionnés ; des hommes d’honneur, honteux et malheureux devant un tel niveau d’incompétence se seraient peut-être suicidés.
Mais chez nous, maintenant, rien de tout cela. Le moteur du camion n’était pas coupé, on ne savait même pas qui le conduisait et si le chauffeur était seul, que notre prince élyséen, hier super footballeur, en un instant devenu super flic, avait bouclé l’enquête ; il avait tout trouvé, tout compris : c’était Daech, le camion furieux était conduit par Daech soi-même !
Donc, la solution, toute trouvée : il suffit de vaincre Daech, et le tour est joué. Plus de Daech, plus de problème.
Et comme malgré tout, on est en guerre, mais pas trop tout de même, on n’a jamais que les moyens de ses ambitions, vaincre Daech, ce n’est pas à l’aube de demain, le mieux est que les Français s’y habituent, le matamore castillan le serine comme un refrain, les attentats terroristes, ça va continuer.
Mais quand même, les chargés de communication ont du expliquer qu’il fallait avoir l’air de faire quelque chose, pour que tout de même, ça ne se voie pas trop qu’on ne va rien faire… la trouvaille du quinquennat : le coup de la réserve spéciale ! Qu’on va vous boucler les passoires, je veux dire les frontières, et qu’on va voir ce qu’on va voir !
Sauf que le tueur, finalement, il était déjà chez nous, et que la réserve spéciale, si elle avait été là, elle aurait été spécialement inutile !
Mais attention ! Une remarque lèse-majesté ! Pas à la « hauteur de la situation » ! Qui exige, si nous comprenons bien, de s’incliner avec respect devant nos dirigeants inutiles ou incompétents, ou les deux à la fois.
Cogner sur Daech, c’est très bien ; tous les martyrs de ces fous furieux n’attendent d’ailleurs de nous que cela, et depuis beaucoup trop longtemps.
Mais qu’on arrête de nous raconter des histoires : combien de temps a-t-il fallu aux Américains pour liquider définitivement l’une des meilleures armées, sinon du monde, du moins du Proche Orient ? Moins de trente jours, si j’ai bonne mémoire ? Et aujourd’hui, l’une de plus imposantes coalitions jamais réalisée au monde ne peut venir à bout de fanatiques en jeep ? De qui se moque-t-on ?
Et puis ensuite, pour nous, ça changera quoi ? Qu’a fait, pratiquement, Daech à Nice ? Fourni des armes, monté un réseau de mercenaires ? Acheminé des explosifs ? Non, rien de tout cela. On ne sait même pas si le tueur au camion et Daech ont jamais eu le moindre contact.
Daech a « revendiqué » ! La belle farce ! Daech pourrait aussi bien revendiquer chaque accident en Occident, ou même chaque orage et chaque coup de foudre ! Pratiquement, qu’a fait Daech ? Il a dit que les musulmans devaient tuer le plus de non-musulmans possible. Mais pour dire cela, pas besoin de Daech ! Nous savons tous, et parfaitement que c’est exactement le même discours que tiennent un très grand nombre « d’imans », sur notre propre sol, dans des mosquées que nous avons laissé construire, quand nous ne les avons pas financées, et laisser financer par des états dont nous savons parfaitement qu’ils ont financé… Daech, bouclant ainsi la boucle de nos malheurs !
Non, non et non ! Ce n’est pas Toto, et ce n’est même pas du côté de Daech qu’il faut chercher la source de nos malheurs ! C’est chez nous, en nous ! Qui avons peur, par exemple de dénoncer la religion musulmane, quand elle n’est précisément pas une religion, mais une formation politique ! Avec un programme politique effrayant, totalitaire, insupportable, qui s’appelle la charia.
Qui avons peur de dire que non, l’assassin de Nice, ça a très, très peu à voir avec Daech ! Mais beaucoup plus à voir avec sa religion. Et plus encore avec la formidable incompétence de nos (soi-disant) dirigeants.
Au moins, quelqu’un l’aura dit.
Paris, 17 juillet 2016